A l’exception du Chili, où la canne à sucre n’est pas cultivée, la plupart des pays d’Amérique du Sud produisent de l’eau-de-vie de canne, essentiellement à des fins de consommation locale. Parmi eux, trois pays possèdent une identité suffisamment forte en matière de rhum pour intéresser les amateurs : le Venezuela, la Guyane et le Brésil.
Guyana et Guyane
L’ancienne Guyane britannique a de fortes traditions sucrières et rhumières et il y avait encore deux cents distilleries en 1971. Malheureusement, il n’y en a plus qu’une aujourd’hui, Diamond, propriété de DDL (Demerara Distillers Limited). Mais quelle distillerie ! Ce pourrait être un musée, tant le nombre et la diversité des alambics qu’elle abrite sont impressionnants : à repasse, à colonne simple ou multiple, mixte, etc…
Il y a même un authentique Coffey Still en bois, datant de 1880, et le seul au monde à fonctionner. Tous ces équipements sont encore en activité, ce qui est exceptionnel, et produisent une gamme très étendue de rhums en termes de puissance et de diversité aromatique. Par ailleurs, la société construit avec El Dorado, une marque internationale, déclinée en de multiples qualités, dont un 21 ans et même un 25 ans d’âge !
Demerara est aujourd’hui une appellation qui parle à tous les amateurs de rhum. Non loin de Saint-Laurent-du-Maroni, la distillerie Saint- Maurice, ou distillerie Prévot, est la seule en activité de la Guyane française.
Dans la première moitié du 20ème siècle, Georges Prévot avait créé une sucrerie et une rhumerie à Remire-Montjoly, dite rhumerie du Rorota. Ses descendants, Jean-Pierre puis Ernest Prévot ont repris l’activité à la fin des années 60, puis ont créé une distillerie neuve, avec des équipements en provenance des Antilles. Ils élaborent des rhums agricoles avec un alambic à colonne, aux marques la Belle Cabresse, le Coeur de chauffe et la Cayennaise. L’essentiel de la production est consommé sur place.
Venezuela
Le Venezuela, où existe de longue date une importante industrie sucrière, est aussi un gros producteur de rhum. Mais c’est l’un des rares pays à avoir instauré en 1938 et 1954 une législation spécifique, différenciant la simple aguardiente de cana (eau-de-vie de canne), du véritable “ron” (le rhum).
Plus récemment même une mini AOC a édicté qu’un rhum vieux vénézuélien doit avoir vieilli au moins deux ans. Cette législation a favorisé la concentration industrielle. Pampero est contrôlé par Diageo, numéro un mondial des spiritueux. Bacardi possède une distillerie non loin de Caracas. Parmi les indépendants, les Licoreras Unidas possèdent l’une des distilleries les plus intéressantes.
Ils produisent les rhums Cacique et Diplomatico (parfois distillés en alambic à repasse). Plus que centenaire, cette distillerie conserve un savoir-faire très artisanal. Surtout, elle est à la tête de stocks de vieux rhums impressionnants qui lui permettent des assemblages d’une belle complexité. A suivre, également parmi les indépendants, Santa Teresa qui utilise le principe de la solera (emprunté au xérès) pour un rhum étonnant, le 1796.
Il faut citer aussi Santa Anna, Marvilloso, Habanero, El Carupano, etc… des rhums très aromatiques, vendus localement. Enfin, grâce à son industrie sucrière, le Venezuela est un gros fournisseur de mélasses, notamment pour les distilleries des Caraïbes où les sucreries disparaissent une à une.
Source : DUGAS Paris – 4, avenue des Terroirs de France – 75012 PARIS – Le Guide du Rhum 2014 – L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
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