Vieillir le rhum
Une partie seulement du rhum est mise à vieillir en fûts de chêne, le plus souvent américain mais parfois français. Au cours du vieillissement, le climat tropical joue un rôle essentiel. Car il est beaucoup plus chaud et beaucoup plus humide que celui existant dans les zones tempérées. De ce fait, l’évaporation est beaucoup plus rapide, et la “part des anges”, c’est-à-dire la quantité de liquide qui disparaît dans l’atmosphère, est plus importante : 8 à 10% par an en moyenne, contre 1 à 2% dans les zones tempérées.
Aussi, le temps de vieillissement du rhum est beaucoup plus court qu’ailleurs, et on estime en général qu’il vieillit trois fois plus vite qu’une autre eau-de-vie : un rhum de huit ans de fût équivaut peu ou prou à un single malt de 25 ans d’âge !
Au cours de cette période, des échanges complexes se produisent entre l’alcool, le bois et l’atmosphère… car le chêne est poreux et laisse échapper l’alcool en faibles quantités. Les producteurs de rhum procèdent souvent à des ouillages, c’est-à-dire des remises à niveau des fûts au fur et à mesure du vieillissement. Enfin, les rhums vieux qu’ils commercialisent sont le plus souvent des assemblages de rhums provenant de fûts différents.
Si la législation française est assez stricte sur les appellations de rhum vieux (3 ans minimum, strictes conditions d’élaboration et de stockage, âge indiqué correspondant au rhum le plus jeune entrant dans l’assemblage), celle d’autres pays producteurs est beaucoup plus laxiste, et seule la dégustation permet d’apprécier les qualités réelles d’un rhum vieux, et non les mentions portées sur l’étiquette.
De l’origine des fûts…
A l’instar du Scotch Whisky, le rhum a longtemps utilisé presqu’exclusivement des fûts de chêne américain, ayant souvent contenu du bourbon. Le chêne français est aussi parfois utilisé (notamment aux Antilles chez Damoiseau ou La Mauny et à Haïti chez Barbancourt), mais en faible qualité, compte tenu de son coût bien plus élevé. Néanmoins, depuis quelques années, les producteurs de rhum ont entrepris des essais de finition dans
d’autres fûts… comme leurs confrères du Whisky, Xérès, Cognac, Porto, vin rouge ou blanc et même single malt sont mis à contribution, essentiellement pour donner plus de fruité et de diversité aromatique.
Les exemples en sont de plus en plus nombreux :
– Fûts de vins de Bourgogne pour Rivière du Mât
– Fûts de whiskies d’Islay pour l’Habitation St-Etienne
– Fûts de cognac pour Savanna et Angostura
– Fûts de porto chez St-Lucia Distillers
– Fûts de xérès chez Angostura
– Fûts de vins français pour la gamme Renegade de Murray Mc David.
Source : DUGAS Paris – 4, avenue des Terroirs de France – 75012 PARIS – Le Guide du Rhum 2014 – L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
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