Dans les îles de l’Océan Indien, la culture de la canne à sucre est fort ancienne, ainsi que la production de rhums. Mais, à part ceux de la Réunion, leur consommation est restée essentiellement locale. Toutefois, on assiste depuis quelques années à une réelle montée en qualité, donnant des rhums à la fois souples, mais d’une très belle richesse aromatique.
Madagascar
Avec la bière THB, le rhum est quasiment la boisson nationale de la plus grande île de l’océan indien. Elle compte plusieurs distilleries locales, et la plus importante, Dzama, est située sur l’île de Nosy-Bé, surnommée “l’île aux parfums”, à cause de sa production importante d’ylang-ylang. On dit même que les rhums Dzama ont un parfum singulier en raison de la proximité des champs de canne à sucre des plantations d’ylangylang.
Outre le rhum Saint-Claude, d’une grande douceur, la grande spécialité malgache est le “rhum arrangé” qui est d’ailleurs une production essentiellement familiale : des rhums blancs et bruns sont mis à macérer pendant plusieurs mois avec des plantes et des épices (vanille, cannelle, gingembre…) et même des fruits de saison. Une décoction d’autant plus redoutable qu’elle se boit très facilement…
Maurice
Au coeur de l’Océan Indien, la tropicale Ile Maurice est évidemment un véritable paradis pour la canne à sucre, et la production du rhum y est fort ancienne. Elle a même connu un véritable boom au 19ème siècle, avec près d’une quarantaine de distilleries en activité. Elles ne sont plus que trois aujourd’hui, dont Grays & Co. Fondée en 1931, c’est aussi une importante société de négoce et de distribution de spiritueux.
Ses rhums sont réputés pour leur profil aromatique dans la lignée des meilleurs rhums agricoles, et connaissent un vieillissement en fûts de chêne. Elle présente aujourd’hui une gamme très intéressante destinée à l’export sous le nom de New Grove.
Cette gamme est le résultat d’un partenariat entamé il y a trois ans entre la distillerie et la société Quartier Français de la Réunion qui a eu comme premier effet la mise en vieillissement de stocks dans de nouveaux parcs de fûts … Des expériences à suivre.
La Réunion
L’ancienne île Bourbon a connu la fermentation du jus de canne (appelé ici fangourin) et sa distillation très tôt, dès 1704. Le boom de l’industrie sucrière au 19ème siècle
a généré la création de multiples distilleries, dont plus d’une trentaine existaient encore dans la première moitié du 20ème siècle.
Aujourd’hui, elles ne sont plus que trois : Rivière du Mât, Savanna et Isautier, les deux premières étant adossées à des sucreries. Elles ont pour particularité d’élaborer aussi bien des rhums agricoles (à base de jus de canne) que des rhums traditionnels (à base de mélasse).
Autre originalité : les trois distilleries se sont entendues pour créer un GIE et lancer une marque de rhum blanc, Charrette, commercialisée à 49° en bouteille d’un litre, et qui connaît un bon succès en métropole. Ces dernières années, chaque distillerie a fortement progressé en qualité, travaillant à la fois sur les fermentations, les techniques de distillation, le vieillissement et les assemblages.
Ainsi, Rivière du Mât, la plus importante, qui a fait appel à un oenologue, vient de commercialiser un Royal Blend à 43°, résultat d’un assemblage de 8 rhums agricoles et de 6 rhums traditionnels, du jamais vu sur la planète rhum. Quant à Savanna, elle se distingue par le soin apporté à ses rhums vieux (dont un superbe 15 ans d’âge) mais aussi dans les fermentations longues, notamment pour son rhum blanc “Lontan”.
Enfin, Isautier, avec près de deux siècles d’existence, joue autant sur le vieillissement de ses rhums agricoles (conditionnés en bouteilles de grès) que sur ses punchs et rhums aux fruits.
Source : DUGAS Paris – 4, avenue des Terroirs de France – 75012 PARIS – Le Guide du Rhum 2014 – L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
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