Quand le rhum interfère avec la politique, cela peut donner des résultats détonants ! C’est le cas avec Cuba et Puerto Rico, que tout oppose… y compris le rhum !
Cuba
Bien qu’entrée dans la danse assez tard Cuba est à l’origine, dès le 19ème siècle, d’un style de rhum léger qui a conquis le monde. Dès les années 1860, déjà dotés d’une industrie sucrière à la pointe, les cubains firent l’acquisition des tous premiers alambics en continu des Caraïbes.
Cela leur permit d’affiner leur style et quand d’autres îles commencèrent à distiller leurs mélasses dans ce type d’alambic, les rhums cubains, légers et doux, avaient déjà une longueur d’avance. La grande île a joué un rôle essentiel pour faire connaître le rhum aux Américains, notamment pendant de la Prohibition.
De grandes quantités de rhum furent illégalement introduites par la mer, pendant ce temps, avec sa musique entraînante et ses cocktails époustouflants, Cuba devint le havre enfiévré de tous ceux qui ne supportaient plus la clandestinité puritaine. Mais est arrivé Castro et ses barbudos, mettant fin à ce qu’ils pensaient être un antre de perdition … chassant nombre d’industriels… dont Bacardi (voir encadré).
A Cuba, après avoir végété pendant quelques décennies, la production de rhum a repris un sérieux coup de nerf grâce à l’accord conclu avec le groupe Pernod- Ricard pour relancer Havana Club, remontant à 1878.
Déclinée dans plusieurs qualités (dont un remarquable 15 ans), la marque connaît une ascension spectaculaire, grâce au réseau du 2ème groupe mondial de spiritueux… ce qui chagrine fort Bacardi ! S’en suit une vraie bataille planétaire entre un rhum léger, destiné surtout à fortifier des cocktails et un autre beaucoup plus aromatique. Le second producteur cubain, avec sa marque Ron Varadero, commence à se faire connaître hors de l’île.
Les rhums cubains en exil
Bien avant la révolution, la famille Bacardi avait commencé à donner son nom à des rhums produits hors de Cuba, ce qui faisait déjà débat. Néanmoins c’était une inspiration salutaire, puisqu’à l’arrivée des barbudos, qu’ils avaient pourtant financé, leur société fût nationalisée. Les héritiers de Don Facunado, dont on dit qu’il fut à l’origine du style cubain, s’installèrent à Puerto Rico.
Ils sont présents aujourd’hui aux Bahamas, à Mexico et aux Indes. Ayant fusionné avec Martini, leur rhum… qui s’appelle d’ailleurs officiellement “ron”, est devenu une des premières marques de spiritueux au monde mais le débat fait toujours rage quant la légitimité de l’appeler cubano.
L’histoire de Matusalem (qui fut leader sur le marché cubain) est tout autre. Propriété de la famille Alvarez descendant des frères Camp, fondateurs de la distillerie en 1872, la marque (et notamment le fameux 15 ans) fut relancée au tournant des années 90 par Claudio.
L’actuel propriétaire souhaitait éviter que sa marque ne disparaisse. Aujourd’hui élaboré en République Dominicaine, Matusalem possède un style à part dans l’univers des rhums de tradition cubaine. En effet, les Alvarez revendiquent un style qui leur est propre et notamment une «recette» inspirée des soleras andalouses qui est selon eux leur véritable héritage cubain.
Source : DUGAS Paris – 4, avenue des Terroirs de France – 75012 PARIS – Le Guide du Rhum 2014 – L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
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